MON CUL



Sur les pentes minérales,
sous les bois de mélèzes,
quand il fait zéro, j’ai chaud.
J’ai fabriqué un igloo
pour y mettre mes œufs.

Je suis un aigle, je suis un lièvre.
Mon cul !

Je saute de rocher en rocher
et avale ma viande crue.
Je sais comment vivre sans provisions,
je mange ma propre graisse.

Je suis un chamois, je suis une marmotte.
Mon cul !

Accrochée à l’à-pic,
en scrutant le vallon,
je me crois une chevêchette.
Mais en réalité
je suis juste fatiguée,
et j’ai un peu froid.

Et aucun animal ne gîte en moi

Pendant que j’essaie d’allumer un feu,
vautours, mouflons, hermines,
se sont incrustées à la fête.
Elles dansent comme des folles
et défoncent joyeusement le plancher
avec leurs griffes
et leurs sabots crottés.

Quelques loups sont là aussi,
bras dessus bras dessous avec des brebis.
Fini la loi de la jungle !
L’ennemi commun c’est moi.
Ensemble elles rient de moi,
tout empotée,
et le feu n’est toujours pas parti.

Je suis un ours, je suis un renard.
Mon cul !